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Festif’Art ou un feu d’artifice de consciences toujours aiguisées…

Ils ne savaient pas que c’était impossible. Et c’est pour cette raison qu’ils l’ont fait.

Ils, ce sont les membres du groupe porteur du Festif’Art, Culture et Travail social organisé dans le cadre des 90 ans de l’Institut Cardijn.

On les disait fous. Et ils l’étaient. Indubitablement. Fous d’inviter autant de spectacles et autant d’acteurs sociaux, fous de travailler sur autant de problématiques et dans tant lieux disséminés dans Louvain-la-Neuve. Fous de laisser autant de place à la maladie mentale. Et à l’art. Fous de vouloir, sans que ce ne soit une parenthèse de vie, réenchanter le social. Et, par là même, réenchanter la vie.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Trois jours. Trois jours de partages, d’expériences, d’expérimentations, de dialogues et de débats. Trois jours pour fêter, trois jours pour résonner et raisonner !

Le Festif’Art, Culture et Travail social s’est clôturé le 30 mars dernier. Pour les nombreux participants, il draine avec lui des milliers de souvenirs liés tantôt à la joie des retrouvailles (le 90e anniversaire de l’Institut Cardijn), tantôt à la beauté émouvante des spectacles et du film, tantôt aux sourires et aux rires des ateliers, tantôt, enfin, à la profondeur des conférences et des séminaires.

Car, à l’instar du spectacle inaugural du mercredi soir, le Colloque avait un goût et une fragrance de mosaïques. D’arts pluriels. D’identités multiples. D’émotions, de sensations aussi colorées que pénétrantes.

Il serait déplacé (et même insensé) de vouloir réduire ces trois jours à quelques propositions sommaires ; si l’art est transcendant, il ne peut être figé ; si le travail est social, il comprend la personne dans sa totalité somatique, psychique, sociologique et spirituelle.

Car il n’est pas blasphématoire de penser que l’art relève aussi du sacré, de cette part de nous-mêmes qui trace des chemins qui nous aident à grandir. A nous épanouir.

Personnellement, je ne sais pas si l’art est thérapie, je ne sais pas si l’art peut participer d’une quelconque forme de guérison, je sais simplement que l’art appelle, interpelle, signe et signale. Et, surtout, qu’il pose l’homme en tant qu’homme. Parce qu’il renvoie à ses valeurs, à son identité, à son essence.

Et c’est là que se forme, à mes yeux, l’intersection avec le travailleur social impliqué dans un travail créatif : les pratiques artistiques peuvent conduire à un réel « réenchantement » du social parce qu’elles permettent au travailleur de retrouver lui aussi le sens de ses valeurs, de son identité, de son essence.

Enfin, je crois, au plus intime de moi-même que, tant qu’il y aura de l’art, la barbarie et sa bestialité auront une chance, une infime chance, d’être vaincue. C’est ce combat-là qui vaut. Et peut-être est-ce le seul qui vaut vraiment.

Les armes sont bien minces quand elles se resserrent autour de l’art, de la raison et de l’amour. Comme il serait si simple aussi de se résigner. Et d’abdiquer.

Mais ce ne serait pas citoyen. Mais ce ne serait pas humain.

Si l’art et le travail social peuvent contribuer à changer les mentalités et les cœurs, je sais alors ce qui s’est produit à Louvain-la-Neuve en mars dernier : un feu d’artifice de consciences toujours aiguisées.

Jean-Luc Dubart

Le film-souvenir du Festif’Art réalisé par Antoine Bruyns